BILAN INTERNET D'UNE ANNEE SCOLAIRE EN CM2

Cuvée 97-98

Une année scolaire vient de se terminer. Une autre va bientôt commencer, si du moins elle ne l'est pas déjà dans nos têtes avec tous les projets qu'il va falloir mettre en place ! C'est peut-être le moment de tenter de dégager un certain nombre de points forts dans nos pratiques de classes.

L'outil informatique a pris avec internet et les champs d'information, de publication et de communication qu'il offre, une place importante dans nos pratiques de classes. le bilan que je vais tenter de brosser ici est largement conditionné par un certain nombre de facteurs qui nous échappent en partie ou, du moins, que nous ne maîtrisons pas entièrement.

LES CONDITIONS

Publication et sécurité :

D'abord il y a tous les tabous véhiculés par nos chers et tendres médias. Avec tout ce qui se passe sur cette toile, les prédateurs d'enfants ne manquent pas ! alors se pose pour nous, webmestres, le problème des responsabilités et sécurité. Nous avons fait le choix sur le site de ne pas publier nominativement des photos individuelles des enfants, ni d'afficher les noms de famille. s'il y a deux prénoms identiques, ce sera la première lettre du nom de famille qui apparaîtra.

Comme toute publication nous sommes soumis à une législation. Sur les listes de diffusion une réflexion a été entamée cette année. De nombreux cas de figure peuvent se présenter beaucoup plus subtils que les portraits ou les noms de famille pour être pistés...surveillés, contrôlés. Et pourquoi pas demander aux parents une autorisation de publier les travaux de leurs enfants en début d'année. C'est donc une charte des sites qu'il nous faut construire.

Les équipements : être présent sur internet, combien ça coûte ?

En comparaison à d'autres écoles du département du Var, nous disposons d'un équipement relativement convenable. Une salle informatique équipée de 13 pc 80386 avec des disques durs variant entre 40 et 200 mo et des mémoires vives entre 1 et 4 mo accueillent divers logiciels d'EAO, collectionnés avec le temps pour tous les niveaux du primaire, Machines largement suffisantes pour les activités de traitement textes et d'initiation au monde pluriel de l'informatique. Un PC80486 pour le scanner et un PC pentium 100 pour internet, tous deux équipés de lecteurs de CDROM pour les consultations encyclopédiques. L'abonnement nous a été offert par le fournisseur American on line. La mairie règle les factures afférant à la ligne téléphonique dédiée à cet usage. Quand au site (AISM.NET) c'est l'atelier Informatique, une association de l'école qui a déposé un nom de domaine et finance la location de 30 mo. coût annuel du site (tarifs juin 98) 3000frs/an.

Mais attention : pour l'année prochaine il faudra envisager une plus grande capacité de stockage. Plus on maîtrise la mise en ligne, plus on a envie de montrer des travaux réalisés en classe ou dans nos déplacements. Une classe active peut sans difficulté dépasser les 10 mo de disque dur par année scolaire de production (et encore si on reste économe en images ! )

Pour 98-99 c'est i-france qui nous accueille avec 20 mo. par la suite on pensera à mygale (10 mo la première année et 20 la seconde...

Espérons qu'une solution sera proposée aux écoles, plus cohérente, afin d'éviter des chaînages d'adresses disparates et plus difficiles à mettre en oeuvre par les enfants.

Se pose donc pour la place sur internet le même problème que les fournisseurs d'accès et les abonnements téléphoniques. Qui paie ?

Au fil du temps

Mais pourquoi garder d'une année à l'autre les productions des enfants ? Pourquoi ne pas repartir chaque année à zéro, comme en septembre avec 30 nouveaux écoliers ?

Cette mémoire qui lutte contre le périssable n'a pas pour vocation de transformer les travaux des enfants en strates archéologiques pour touristes. C’est un nouveau matériau qui doit rester vivant. Bien évidemment, les informations périssables disparaissent. Mais, à la fin d'une année scolaire on se pose la question : que reste-t-il de toutes ces émotions, ces recherches, ces tâtonnements, ces expériences ?

Certaines publications peuvent devenir ressources, d'autres s'étoffer, se chaîner entre elles. Il y aussi le journal de vie qui sait le mieux rendre compte des tâtonnements de la vie de la classe au long de l'année. Et puis il y a cette relation, présent passé. Comme si la mise en réseau sur internet stimulait virtuellement l'enracinement, l'explicitation des démarches et la continuité des réflexions qui se développent d'année en année dans nos orientations pédagogiques.

La cuisine informatique

Personne ressource, heures supplémentaires. Tant que l'on tient, ça continue... Et puis on n’est pas seul. Il y a les collègues de l'école moderne qui aident à maintenir une réflexion sur le terrain, les expériences que certains prennent le temps d'écrire et diffuser par exemple dans la revue EPI). http://sancerre.ac-idf.jussieu.fr/~epi/

Dans le département du var je propose avec l'OCCE 83, des journées de formation (10 mercredi par an). Cette expérience fonctionne depuis 5 ans. Ces journées répondent à un véritable besoin sur le terrain. Les modes bien évidemment changent. Les demandes suivent : logo, EAO, bureautique (un outil pour les instits), gestion de la coopérative, le journal d'école, le multimédia et ses bases de données, la publication sur le web, les listes de diffusion,... Mais il ya toujours derrière des instits de bonne volonté qui sont prêts à sacrifier un peu de leur temps pour défricher ces terres nouvelles dont tout le monde parle si fort.

Dans le cadre de l'école, j'anime une association qui accueille les enfants chaque jour pendant le temps de restaurant scolaire, et le soir une fois par semaine. Les adultes sont accueillis une fois par semaine plus les mercredis d'échange. Une manière de pouvoir compléter et maintenir l'équipement de l'école et de pouvoir assurer les frais de fonctionnement du site AISM.NET

Les activités des enfants

Les outils de communication

Les listes de diffusion Enfants (ECOLFR, ACTICEM,…)

Les deux listes de diffusion actuelles auxquelles nous sommes abonnés sont hébergées par SORENGO en collaboration avec le Centre de Recherche Universitaire. Les propriétaires de ces listes sont des enseignants du mouvement de l’Ecole Moderne. Ils ont un rôle de régulateurs en ce qui concerne les problèmes techniques, mais aussi le respect de ce qu'on appelle la N'ETIQUETTE, c'est à dire l'ensemble des droits et des devoirs des enfants. N'oublions pas que même si des personnes n'interviennent pas sur les listes, elles lisent et archivent le courrier. Il faut toujours, donc, faire attention que les élèves ne donnent jamais d'information personnelle, comme nom de famille, adresse postale ou numéro de téléphone quand ils envoient un message sur le réseau. Par la suite, quand une correspondance personnelle est établie, cette sécurité n'a plus lieu d'être, car les enseignants sont conscients qu'ils doivent surveiller ce courrier d'enfants. L'utilisation principale de ces listes peut être répertoriée ainsi : recherche de correspondance, documentaire, enquête, demande de dialogue en direct (chat), publicité pour des productions de sites qui ont été mis à jour dans une école suite aux travaux des enfants, annonces d'événements, publications de textes à illustrer, à continuer, description de la vie de la classe, (règles de vie, organisation des activités…), demandes d'aide ou appel au secours, questionnement, mouvements d'humeur,.... Cette typologie peut toujours évoluer car, dans les réunions coopératives de toutes ces écoles germent de nouvelles idées qui surgissent régulièrement à travers le réseau tout au long de l’année scolaire.

La correspondance individuelle

Sur le site de l'école, chaque élève dispose d'une page personnelle où l'ensemble de sa production est accessible. En haut de cette page, chaque enfant dispose d'une adresse e-mail personnelle, exemple : Amandine S. aura pour adresse : aslanian9798.amandine.S@mageos.com. Ainsi il sera possible de répartir le courrier reçu en sachant à qui il est adressé. Parfois, ce sont des enfants qui ont réalisé une consultation en temps scolaire. Mais, il arrive également que ce soit des consultations réalisées à la maison ou chez un proche. Dans ce cas, les correspondances sont plus lâches (un courrier chaque mois). Une grille permet de recenser ces correspondances individuelles. On peut, lorsque le réseau de relations est bien établi, traduire sur une carte de géographie, la position des différents correspondants à travers le pays, l'Europe, voire le monde. Le regard de l'enseignant sur ces correspondances permet de corriger les fautes et parfois d'induire des questionnements pour une plus grande connaissance de l'autre, son milieu, sa culture, ses passions, etc…

Les correspondances de classe à classe

Les correspondances de classe à classe sont préparées entre enseignants, débattues en réunions coopératives pour cibler les objectifs particuliers. La correspondance avec la classe d'une école de Port-Cros, alors que la nôtre va faire un séjour sur cette île à une période de l'année : l'objectif ici débouche sur une rencontre, elle aura donc un retentissement très spécifique. Correspondance avec une classe de Haute-Savoie, on pourra présenter nos milieux de vie différents et aussi échanger des points de vue sur l'organisation de nos classes. Correspondance avec une classe à l'étranger. Ici en plus des sujets qui peuvent être traités dans les autres types de correspondance, se pose le problème de la langue. Quelle va être la langue choisie pour la correspondance ? Quelles sont les personnes ressources ou logiciels qui permettront de réaliser des traductions ? On peut imaginer de faire appel à des collégiens pour traduire les textes des enfants. L'accent sera mis sur les différences culturelles. Nous participons à une correspondance avec une classe de Suède.

Bilan communication

Le bilan de cette correspondance 97-98 est facilement évaluable. Il suffit de regarder le répertoire personnel de chacun des élèves de la classe. Les correspondants sont nombreux et variés. Certains élèves ont totalisé plus de 40 courriers sur une période de deux trimestres. ils ont même prolongé la correspondance à la maison par courrier. Deux élèves ont le projet de se rencontrer cet été. Le déclenchement de ces correspondances a été multiple. Soit ce sont des demandes formulées sur les listes de diffusion, soit sur les pages personnelles des élèves, soit des demandes de collègues pour des correspondances individuelles ou collectives. Une particularité à noter : deux de nos correspondants possédaient un appareil photo-numérique. La dynamique a été accrue. Donner à voir est magique, et c’est vrai que l’image d'une sculpture est plus parlante que tous les discours que l'on peut y ajouter.

Le dialogue en direct : une expérience tâtonnante

Les enfants échangent entre eux depuis un certain temps. Ils savent qu'ils ne vont pas se rencontrer. Cependant, virtuellement, internet nous offre plusieurs possibilités, privées et duelles (ICQ), semi-publiques (microsoft chat) et publiques (EFNET EU, France,...utilisable avec mIRC) de réaliser des rencontres en temps scolaire. Les expériences menées cette année ont été réalisées à titre expérimental. D'abord, pour les différentes écoles, il faut installer et maîtriser les logiciels, puis les connaître suffisamment pour en interdire l'accès à toute personne extérieure au groupe des invités.

Le bilan est plutôt positif. Chaque internaute en herbe est fasciné par cette immédiateté qui surgit de l'écran. Avec ICQ, les enfants sont accrochés aux lettres qui apparaissent (ou disparaissent ! )les unes après les autres. Avec microsoft chat ils jouent avec les personnages, les bulles et les sons et peuvent garder une trace écrite sous forme de BD du dialogue qu'ils ont réalisé. On peut ainsi affiner la prochaine rencontre. Sur EFNET EU, le dialogue est beaucoup plus conventionnel. "Quand est-ce qu'on fait une causerie ? "certains élèves en sont très amateurs ! Il proposent des rendez-vous avec demande de confirmation.

Les limites rencontrées sont :

Le nombre d'élèves que l'on peut décemment mettre en relation autour d'une console (4 ou 5) pendant un temps limité (15 minutes), sans que le dialogue ne dégénère.

Les plages horaires limitées dans la journée (matinée à cause du trafic).

Les horaires différents des classes (récréation des uns et des autres). L'âge des élèves qui dialoguent (vitesse de la frappe) entraînant deux questions et des réponses qui ne coïncident plus (quiproquo,...).

Le nombre de correspondants simultanés. Au-dessus d’un certain nombre d’écoles connectées sur la même salle, parfois on ne sait plus trop qui rentre ou sort, surtout si la personne change d'apparence ! Il faudrait une plus grande habitude.

Le choix du thème de la rencontre aide mais ne peut réellement être moteur que s'il y a un véritable projet qui soutient les échanges. en attendant que nos machines soient assez puissantes et nos réseaux assez fluides pour accepter la vidéo.

La publication des textes sur le site de l'école

Après la présentation d'un exposé, la réécriture sur le cahier d'un texte libre ou la réalisation d'un travail graphique (photo, dessin), on passe par une phase de numérisation des textes et de l'image. Ensuite, les transformations sont réalisées pour être mises en page au format HTML. Puis, on réalise les liens entre les différentes pages ou parties de page si les textes sont longs. Ces liens évoluent régulièrement. La mise à jour sur le site peut être réalisée en temps de classe avec un petit groupe d'élèves. On ne peut décemment réaliser une mise à jour complète que tous les deux mois, car la chaîne des actions prend du temps.

Les expositions

Suite à des visites d'exposition ou de voyage, nous réalisons des panneaux d'affichage en groupe qui rendent compte des aspects principaux du sujet que nous souhaitons traiter. Selon les moments de l'année, ces panneaux peuvent être exposés dans les couloirs de l'école, dans une salle de la Mairie ou lors d'une manifestation particulière, dans d'autres lieux. Et si nous avons la chance d'avoir un photographe sous la main pendant l'expo, on peut publier sur le site quelques images pour ancrer l'événement : passer de l'éphémère au durable en gardant une trace illustrée de moments forts.

 

Du côté des problèmes

L'accès au réseau se fait dans une salle commune à l'école. Chaque matin, une heure avant la classe, je relève le courrier et imprime les messages, ce qui permet de les avoir à disposition pendant le " quoi de neuf ". L'occupation de la salle est réglée par un emploi du temps démocratique : chacun a sa plage horaire (qu'il utilise ou non). C'est donc pendant les récréations ou pendant le temps de cantine que nous venons consulter le nouveau courrier ou répondre à nos correspondants. Plusieurs solutions sont envisageables.

Une ligne téléphonique dans la classe : mais quand on a un préfa...)
un emploi jeune qui prenne en responsabilité un groupe d'enfants....
Mais laquelle est la mieux adaptée à chacun de nos besoins ?

Du côté des échecs

Attirer des visiteurs sur le site

Ce n'est pas vraiment facile. Et puis les différents e-mail non pas été vraiment fructueux. Et pourtant c'est un aspect du retour que peut attendre légitimement l'élève. Mais ce texte amènera peut-être des visiteurs. A moins que l’on soit lancé comme une savonnette par l’adéquation d’un projet avec un événement national ou un journaliste perspicace. Il faut apprendre à se distinguer : " qu’est-ce qui peut donner envie à quelqu’un de venir visiter ma page ? "

Naviguer sur le web

Paradoxalement, c'est peut-être ce que nous savons le moins bien faire. c'est lent ! Et dans une semaine il n'y a que 27 heures ! Si vraiment un site est intéressant on préfère de loin l'aspirer sur le disque dur ce qui nous permettra de le consulter hors connexion sur plusieurs machines. Mais les mises à jour me direz-vous ?

Graver le CD-ROM du site

Un souvenir de nos productions ?

"J'ai pas d'ordinateur à la maison."

"Mon papa il a déjà le site à la maison."

Cela donne à réfléchir. Comme il y a de la place disponible (le site pèse actuellement environ 30 mo) sur le support qui lui peut en contenir près de 650, il faudra envisager pour l'année prochaine d'ajouter les productions musicales des enfants. La plupart des enfants disposent chez eux d'un lecteur de compact-disc. Et pour ceux qui n'ont pas de CD une cassette audio.

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EPC J.Moulin Aslanian
chemin des vertus
83470 - St Maximin la Ste Baume FRANCE
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http://www.i-france.com/EPCJMOULIN/CLASSES/ASLANIAN/9899/SOM9899.HTM
email adultes : aslanian@amd.fr
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