En 1998 je suis parti avec ma famille
vivre en Afrique, à Djibouti pendant deux ans.
10 heures d'avion nous sépare de ce petit pays grand comme
la Bretagne. (23000 km2)
C'est un pays volcanique, sec avec peu de végétation.
Situé au bord de la mer rouge avec un port très
actif. L'armée de terre, la marine et l'aviation sont présents
pour protéger le pays et pour intervenir au plus vite en
cas de conflit.
J'habitais dans un petit immeuble de 3 étages dans une
citée militaire.
Un grillage nous séparait de la plage mais nous ne pouvions
pas y aller car les pauvres y vivent, ils dorment sur des cartons,
ils se lavent dans la mer, cette plage est très sale, il
y a des ordures et les égouts s'y déversent. Ces
gens là ne sont pas gentils, ils nous insultent à
travers le grillage et nous crachent dessus. La plupart sont des
exilés qui viennent d'Ethiopie ou de Somalie, ils meurent
de faim dans leur pays,
à Djibouti grâce aux Français, ils gagnent
un peu d'argent en gardant les voitures ou en les lavant. Pour
nous protéger des voleurs, il y a des " choufs "
qui surveillent la citée, ce sont des djiboutiens payés
qui n'hésitent pas à se servir de leur bâton.
Les djiboutiens ont très peur des chiens et il y en a dans
la citée.
Tous les matins à 4h on entend l'appel à la prière
venant de la mosquée pour les musulmans.
Certaines femmes sont voilées mais pas toutes. Les hommes
s'habillent avec un tee-shirt et une fouta, c'est un tissu à
carreau ou à rayures enroulé autour de la taille.
J'étais dans une école privée, climatisée
et il y avait 2 récréations le matin. Il fallait
amener une bouteille d'eau fraîche et une petite serviette
éponge pour s'essuyer la transpiration, car il fait très
chaud !
Cette école est mieux qu'en France surtout pour les horaires
:
De 7h30 à 12h30 et pas de classe l'après midi.
Un matin, en attendant le car, j'étais assis sur les marches
d'escalier et un babouin est monté sur mon dos, il cherchait
des trucs à manger dans mes cheveux, un garçon s'est
fait mordre en le faisant descendre.
Une fois, on a vu une hyène que quelqu'un avait apprivoisée
et tenait en laisse comme un chien.
Chez le vétérinaire, j'ai vu un léopard dans
son jardin, il y avait un animal rare : une gazelle girafe, on
l'appelle comme ça parce qu'elle a un cou de 50 cm et des
oreilles de lapin.
De début mai à fin septembre on a du mal à
rester dehors tant il fait chaud mais surtout très humide.
Le matin à 7h en attendant le car on transpire tous et
sans bouger ! C'est pénible, on colle, on a la peau moite.
On va de l'appartement climatisé au magasin (climatisé),
à la piscine, ou à la mer mais on évite de
rester au soleil, car on ne bronze pas, on prend tout de suite
des coups de soleil.
A 9 heures du matin, sur le balcon, à l'ombre il fait
39° et à 16 heure il fait 45°. Dans la maison ça
varie de 30 à 34° avec la climatisation.
Quand on rentre de l'école on se douche et on mange puis
on fait la sieste ou on regarde la télé, nous étions
abonné à canal + satellite, car la seule chaîne
de télévision locale ne passait que des prières
en arabe. Le week-end en France c'est le samedi/dimanche, là-bas
c'est jeudi après-midi et vendredi.
Il y a 2 supermarchés mais le plus grand fait la moitié
d'Intermarché il s'appelle le " sémiramis "
et il y a des boutiques mais pas du tout comme en France, ce sont
plutôt des échoppes pleines de bazar où la
chaleur et les mouches sont très présentes et surtout
il faut tout le temps marchander, sinon on paye le prix fort !
Quand on arrive en voiture, il y a des " choufs " qui
se disputent pour garder la voiture, il faut les payer.
Ce n'est pas agréable de
se promener en ville, d'abord parce qu'on ne se sent pas en sécurité,
on est entouré sans arrêt d'enfants, de mendiants,
de vendeurs de cartes postale, on ne peux pas marcher tranquillement.
Et puis à part de l'artisanat locale il n'y a pas grand
chose à acheter.
Là-bas, tous les coiffeurs sont indiens Ils coiffent très
bien et font un massage du cuir chevelu après. On utilise
le franc Djiboutien
Ici, on trouve presque de tout à manger à condition
d'y mettre le prix.
Les produits laitiers sont les plus chers car ils arrivent par
avion. La seule chose pas chère c'est le pain : 11 centimes
la baguette. Si on n'a pas peur d'aller au marché, on trouve
des fruits et des légumes pas chers, du riz et des épices.
La viandes est posée sur une planche au soleil avec pleins
de mouches dessus, ça ne donne pas envie d'en acheter,
d'ailleurs le marché porte bien son nom, il s'appelle "
le marché aux mouches " on mange souvent des pâtes,
du riz, rarement des légumes ou des fruits.
On mange beaucoup moins à cause de la chaleur, on a moins
faim.
On est allé à un mariage Somalien. Ils se fiancent
la veille, se marient devant le Cadi et les parents et font la
fête pendant 7 jours.
Le 3èmejour est important, on couvre de bijoux en or la
mariée.
Ses amies dansent et chantent pour elle .Les hommes font la fête
de leur côté et ce n'est que le 7ème jour
qu'ils sont réunis en public.
Les femmes d'un côté et les hommes de l'autre, c'est
à celle qui a le plus de strass, de paillettes, de bijoux,
de vêtements brillants et colorés ! Elles sont tatouées
des pieds à la tête avec du henné, et portent
des couronnes de jasmin autour du cou ou en boucles d'oreilles.
On reconnaît les femmes célibataires à celles
qui sont mariées grâce à leur coiffure, les
jeunes femmes font des tresses et les autres doivent recouvrir
leurs cheveux d'un fin foulard noir.
On a pris le train pour l'Ethiopie c'est un train où il
n'y a pas de vitres aux fenêtres, pas de portes, les banquettes
sont en bois et il y a tellement de monde qui monte dedans que
les gens voyagent assis par terre et même sur le toit. Il
ne roule pas vite et quand il s'arrête dans les villages,
les gens vendent du thé chaï et des beignets. Le thé
est servi dans une boite de conserve ou le couvercle sert de hanse,
et tout le monde boit dedans.
On allait à Khor Ambado, une jolie plage à une demie
heure de Djibouti. L'accès y est difficile. Mais avec un
4x4 on passe partout.
Sur la piste il y a toujours des enfants qui courent près
de la voiture et nous demandent les bouteilles vides ou de l'eau.
Un jour, ce qui nous a fait rire c'est qu'il y avait un enfant
un peu gros (chose rare, là-bas) qui nous demandait des
biscuits, des bombons. On comprend mieux maintenant pourquoi il
était gros !
Quand on voit comme ils sont contents avec une bouteille d'eau
fraîche, ça fait plaisir de leur donner. Ce qui est
nul, ce sont les gens qui ne donnent jamais rien, même pas
une bouteille vide !
La mer est d'un beau vert lagon, le sable est blanc et très
fin, c'est vraiment très beau !
Ce qui est fantastique c'est de voir les poissons multicolores
nager près de nous et les coraux de toutes les formes et
couleurs. C'est le pays de la plongée sous marine.
Le Commandant Cousteau y a fait de beaux films et une fois, dans
le golf de Tadjoura au Goubet qui est profond de plus de 1000
mètres, il s'est fait attaquer par un monstre marin énorme,
la cage de fer qui le protégeait était toute écrasée.
Les pêcheurs ne vont pas là car ils ont peur, cet
endroit a des histoires maléfiques depuis toujours et l'île
qui se trouve au milieu s'appelle " l'île du diable
".
On a vu une grande raie. Il y a beaucoup de requins au large mais
très peu d'accident. Une fois on a pêché un
requin dormeur et on l'a mis dans notre baignoire, après
lui avoir retiré l'hameçon on l'a remis à
la mer. On allait souvent à la pêche et on attrapait
toujours de gros poissons. Des thons, des tazards, des mérous
Une fois on a attrapé une très grande murène
elle se débattait violemment, ça faisait peur. J'ai
vu aussi une tortue nager dans le port.
On avait un voilier de 6 mètres et quand on allait sur
les îles on voyait les dauphins nager près du bateau
et sauter dans les vagues c'était génial !
On a raté les requins baleines, c'est dommage car les militaires
à Arta ont pu nager près d'eux et s'accrocher à
leurs ailerons ils ne sont pas dangereux car ils se nourrissent
de plancton, ma mère les a vu, ils mesurent de 3 à
12 mètres de long.
On est allé au lac Assal,
c'est un endroit unique au monde, c'est là qu'il fait le
plus chaud (60°) et ce lac se situe 150 mètres en dessous
du niveau de la mer. Il est couvert de sel, ça fait une
croûte épaisse sur laquelle on peut marcher. Si l'on
se baigne, on flotte à la surface. Il y a des caravanes
de sel, ce sont des chameaux qui transportent les sacs de sel
sur de grandes distances pour aller les vendre en Somalie et en
Ethiopie.
On a pris le train qui va Ethiopie c'est un train qui n'a pas
de vitres aux fenêtres et pas de portes, les banquettes
sont en bois et il y a tellement de monde qui monte dedans que
les gens voyagent assis par terre et même sur le toit. Il
ne roule pas vite et quand il s'arrête dans les villages,
les gens vendent du thé chaï et des beignets. Le thé
est servi dans une boite de conserve ou le couvercle sert de hanse,
et tout le monde boit dedans.
Les femmes travaillent plus que les hommes, ils passent tous leur
après-midi et leur soirées à prendre du "
khat " c'est une drogue pas cher.
Ils mâchent les feuilles et en font une grosse boule qu'ils
gardent dans la joue, ils boivent du coca cola avec. Presque tous
les hommes le font.
On voit des vieilles femmes porter des fagots de bois sur leur
dos ou des kilos de carton, ça fait pitié de voir
ça !
Le salaire minimum est de 120 par mois mais beaucoup n'ont
pas ça pour vivre.
Pendant 2 ans, tous les jours on devait prendre de la paludrine,
c'est un médicament qui protège contre le paludisme
qui est transmis par la piqûre d'un petit moustique que
l'on n'entend pas et que l'on ne sent pas quand il nous pique.
Cette maladie fait des ravages en Afrique car elle donne une très
forte fièvre et on peut en mourir. Le soir il faut se couvrir,
mettre de l'insecticide dans la maison et ne pas oublier les moustiquaires.
Il ne faut pas boire l'eau du robinet car elle n'est pas traitée
et donne la diarrhée.
Malgré tous ces petits inconvénients,
j'ai vécu des choses fantastiques, j'ai beaucoup aimé
ma vie là-bas, et j'aimerai y retourner.