L'abbaye du Boscodon a été construite au moyen-âge, au 12ème siècle en 1142. A cette époque, les moyens de locomotions terrestres les plus communs étaient le cheval pour les courriers et les gens fortunés mais surtout la marche à pied qui permettait de pratiquer en montagne les chemins, sentiers ainsi que passer les cols.
Les nobles de la région d'Embrun possédaient
des terres. Les paysans les cultivaient. Le Clergé lui
se séparait en deux catégories :
le clergé séculier représenté par
les curés, prêtres, archevêques qui officiaient
dans les églises et le clergé régulier (ceux
qui suivaient la règle d'un ordre) comme les moines. Ces
derniers vivaient loin de la ville, retirés du monde. Ils
fuyaient les villes pour choisir une vie religieuse différente
dans des lieux désertiques. Pour vivre ils n'avaient pas
peur de faire de gros travaux de construction, d'artisanat, d'élevage
ou d'agriculture pour vivre.
Le Boscodon signifie le bois en hauteur (BOS DUNUM)
Au 12ème siècle 5 moines arrivent sur les terres du seigneur Guillaume de Montmirail. Ils suivent la règle de St Basile ou St Benoît et passent un marché avec le sieur Guillaume : " Je vous donne les terres pour que vous me protégiez des cataclysmes naturels, des maladies, des épidémies et des guerres et pour le salut de mon âme et celle de mes decendants.
Ils défrichent d'abord les terrains
au soleil (adret) pour la culture. Mais les terres sont difficiles
d'accès, boisés et pentus.
Le seigneur est en colère et il demande que les 5 moines
se rattachent à un ordre.
Il y en a plusieurs, fondés par des communautés
de moines :
L'ordre des Bénédictins, fondé par St Benoît
(6ème siècle)
L'ordre des Franciscains créé par Saint François
d'Assise (11-12ème siècle)
L'ordre des Dominicains, fondé par St Dominique (11-12ème
siècle)
L'ordre des Cisterciens, fondé par St Bernard
L'archevêque d'Embrun leur conseille l'abbaye de Chalais, près de Grenoble. Ces moines suivent une règle de St Benoît qui ressemble à celle des Cisterciens qui, a la même époque, construisent l'abbaye du Thoronet dans le département du Var. Ils vont donc construire une grande église et vivre de tous les produits de la forêts. Les pierres seront extaites sur place dans les montagnes. La cargneule est une pierre de qualité. Cette grande église sera construite à l'image d'une cité céleste.
Le bois va servir à la fabrication de charpentes pour les toiture, de meubles. La présence du mélèze, arbre très grand et droit, étanche et imputrescible, autorise la fabrication de planches, de mâts et de rames pour les bateaux. Le bois est transporté par la Durance jusqu'à Marseille. Les moines peuvent se nourrir de baies. Les résines des arbres sont récoltées pour les torches.
L'été l'herbe grasse permet le
paccage des vaches et des moutons.
30 moines se partagent le travail nivellent le terrain et l'aménagent.
Pour vivre le lait des animaux permet la fabrication du fromage.
Le fumier est utilisé en agriculture. La laine permet de
se vêtir. La peau est utile pour la fabrication des parchemins.
L'eau des trois torrents qui délimitent le terrain sert
à boire et à irriguer les cultures.
Des murs sont construits pour limiter leur territoire. Au de-là, les moines ne peuvent pas sortir. Ils vivent en autarcie : il fabrique tout ce dont ils ont besoin. Pour travailler le fer il y a un moine forgeron qui possède une forge pour la fabrication des outils. Le blé cultivé est moulu au moulin et cuit dans le four. Les moines achètent également, de l'autre côté de la Durance des terrains à l'adret pour cultiver des vignes. Les moines qui travaillent aux tâches matérielles de la vie quotidiennes sont appelés les convers.
Les moines de chur prient 8 fois par
jour et une fois la nuit dans l'église. une aile leur sert
pour dormir. La plupart sont des gens de familles bourgeoises
et nobles qui ont suivi des études et savent lire, écrire
et compter. La salle du chapitre est utilisée pour la justice
et les réunions communes. Le chauffoir est la seule pièce
chauffée.
Les moines de chur et les convers choisissent eux-mêmes
leur chef abbé (d'où le nom d'abbaye).
Mais les choses vont changer. Le commerce est
devenu tellement important au 15ème siècle que le
roi décide de récompenser des nobles en leur offrant
des charges religieuses. On les appelle des abbés commandataires.
La plupart du temps se ne sont pas des religieux. Ils ont donc
une maison à part de la communauté des religieux.
5 moines officiers l'aident pour la gestion du domaine du Boscodon
et l'accueil des pèlerins, toujours généreux
pour l'église. Des pièces d'habitation leurs sont
réservées, comme aux convers. Mais chacun est dans
une aile séparée. Pour conserver les aliments et
stocker les récoltes on trouve également des caves
et celliers, pour les viandes et poissons fumés.
Peu à peu les paysans remplacent les convers : il faut
les payer.
La guerre détruira par trois fois l'abbaye : les dauphinois
se battent contre les provençaux puis se sont les guerres
de religion au 16ème siècle entre les catholiques
et les protestants qui se terminera par l'Edit de Nantes. Au 17ème
siècle l'abbaye est ravagée. En 1769 il ne reste
plus que 12 moines. Hors il en faut au moins 16 moines pour que
fonctionne l'abbaye. L'archevêque fait partir la communauté
religieuse, détruire les bâtiments et l'église
ne sert plus qu'a entreposer du bois. En 17898, pendant la révolution
française les biens de l'église sont saisis et vendus
: l'abbaye sera achetée par des paysans. Ils y installent
des bêtes et construisent sur piloti une habitation dans
l'église.
L'abbaye n'est plus qu'un hameau d'habitation qui dépend des Crots car il n'y a plus d'exil. En 1972 l'association des amis du Boscodon rachète le bâtiment et depuis le restaurent avec l'aide des monuments de France. Les subventions de l'Etat s'élèvent à 70% et celles de l'association à 30%. Maintenant il n'y a plus que trois surs dominicaines qui y vivent.