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gravure de la place Grenette ý st Julien

VISITE DE LA VILLE

Mr Edouard Roux nous a proposé une visite guidée de St Bonnet que nous avons filmé.

PLACE GRENETTE

" Nous nous trouvons sur la place Grenette où avait lieu le marché au grain (grain = grenette). Il faut vous dire que chaque nom de rue ou de place à St Bonnet correspond au rôle qu'il avait au moyen âge :

Sur cette place se trouvait avant un temple, construit en 1570 par les Diguières. Il fut détruit 8 ans plus tard au moment de la révocation de l'Edit de Nantes. Par la suite, à l'époque de la Révolution Française, on y construisit le temple de la Raison. Les Halles on été construites en 1845. Le bois de charpente utilisé est en châtaignier. Il vient d'Ardèche. Chaque fois que l'on souhaitait construire un monument public qui dure et ne pourrisse pas, on utilisait le bois de châtaignier. Vous pouvez remarquer qu'il ne possède aucune trace d'insecte.

Vous remarquez une échelle. A l'époque il y en avait trois. Elles pouvaient aussi bien servir à des besoins communautaires (pour les pompiers par exemple) que pour des besoins privés (si quelqu'un avait besoin de réparer sa toiture).

Au centre se trouve une poulie. elle servait à hisser les sacs. Au sol on trouve une pierre. comme vous le voyez sur la photo, elle servait aux hommes qui chargeaient les sacs de graines. On disait se mettre à cavalaire.

Autour de cette place se trouvaient de nombreux commerces. Parmi eux un café était réputé car c'est de là que les familles partaient en Amérique. il faut savoir que 2000 Champsauriens sont partis en Amérique entre 1845 et 1910. Il y a eu encore quelques familles en 1914 et en 1928.

Le puits qui est ici, est un ancien puits à chaîne. C'était une noria : il y avait des godets qui remontaient l'eau. Depuis 3 ans la municipalité y a installé l'eau de la ville.

Tout autour vous trouvez de très belles colonnes et des façades de maisons rénovées. Là, c'était la maison d'un riche bourgeois très croyant. Un banquier y vivait. Quand il savait que les gens étaient dans le malheur, il ne leur faisait pas payer les intérêts.

Au-dessus de l'entrée principale du syndicat d'initiative on trouve les armoiries qui datent de 1545. On y lit la devise :

Rien si ce n'est par la volonté.

Rien si ce n'est par la force.

Le blason est décoré de 3 roses d'argent et 2 gueules de lion d'or. Ces fleurs sont des fleurs d'églantiers. Quand le Dauphin est arrivé à Grenoble pour gouverner la province du Dauphiné, avant que cette Province soit vendue au Roi de France, en signe d'allégeance, les 3 paroisses de Grenoble on offert un bouquet au Dauphin. Le Champsaur appartenait bien au Dauphiné. Le lion, lui, est le symbole de l'animal combatif, car le duc des Diguières était un homme de combat.

François de Bonne, Duc des Diguières naquit en 1953. Il devait s'illustrer sur d'innombrables champs de bataille au cours des guerres de religion. Le duc Diguières fût un des hommes les plus titrés de France.

ïA l'âge de 23 ans il était chef des protestants du Champsaur ; ïà 34 ans chef des protestants du Dauphiné ; ïà 52 ans lieutenant général de Provence ; ïà 55 ans lieutenant Général du Dauphiné ; ïà 63 ans il est nommé maréchal de France ; ïà 78 ans duc et père de France ïet à 79 ans connétable et chevalier du St Esprit. Connétable est le titre le plus important qu'il est reçu puisque cela signifie commandant en chef des armées du Roi. "

PLACE DE LA POSTE

"La place n'était pas du tout comme ça. " Edouard Roux nous montre des photos prises à différentes époques ainsi qu'une enluminure les Diguières, un plan avec les différentes portes de la ville fortifiée.

" Ici, sur la place soleil, on battait le seigle pour faire les toits en chaume. Toutes les maisons en étaient couvertes, ce qui rendait le village fragile.

Il faut vous dire que St Bonnet a brûlé à quatre reprises, dont deux fois au Xvème siècle. Toutes les maisons étaient construites en bois. La dernière fois il ne resta plus que 4 maisons et il y a eut 43 morts dans l'incendie. Une femme avait préparé la fricassé dans sa cheminée. Quand le conduit s'est enflammé, toutes les autres toitures ont pris feu.

A l'époque du démontagnage, il y a avait plus de 1200 génisses qui passaient ici.

Sur la place se trouvait la maison forte du lieutenant les Diguières. " Edouard ROUX nous montre des dessins de la façade qu'il a réalisés et commente le plan établi par Janson des Fontaines en 1780.

PLACE AUX HERBES

" Plus loin c'est la place aux herbes où se déroulait le marché aux éperviers. Parfois, les jours de pluie, on venait y panser les chevaux. Le lundi, c'était jour de foire. Les paysans venaient y vendre, des tomes, des volailles, des lapins,...

En face on trouve la maison de Champolion, serviteur du lieutenant les Diguières. " Sur la toiture il nous fait remarquer des lauzes : " Chacune pesait entre 2 et 5 kilos. Il y a avait également des ardoises. On allait les chercher près d'Orcières. "

DU QUARTIER DU POISSON A LA PORTE ST JACQUES

Nous continuons notre visite par la rue des écuries, près de l'ancienne voie romaine, le quartier pessier (poisson). Mr ROUX nous montre sur les façades les corbeaux où se nichaient les oiseaux. Plusieurs quartiers restaurés, le clocher en pierre de la chapelle des pénitents dans laquelle on trouve la devise en latin : St Bonnet priés pour nous. " Elle a été restaurée en 1802. Les pénitents étaient voilés et quand il faisaient la charité, personne ne devait les reconnaître. "

Dans une ruelle on s'arrête devant une petite fenêtre avec des barreaux. " Là, nous explique-t-il, les gens payaient des impôts en fonction de la taille et du nombre de fenêtres. C'était donc un signe extérieur de richesse, au même titre que les rangs de génoise (il pouvait y en avoir jusqu'à 4), les pierres bleues au-dessus des portes d'entrées car, contrairement à la pierre mollasse, elle ne pouvait pas se tailler soi-même. Il fallait faire appel à un artisan.

En consultant les archives de Bréman en Italie, on apprend que l'abbaye de St Victor de Marseille y implanta un prieuré (d'où le nom de la rue) dédié à Bonet, évêque de Clermont, qui vécut de 673 à 718. Cette maison religieuse prit une certaine importance au cours du Moyen Age et a donné au bourg, son visage actuel. Le bourg était déjà très important au début du XVIème siècle.

A St Bonnet il y a avait 14 foires par an et 1 retour 15 jours après chacune d'elles. Il y avait donc 28 jours de foire en plus du marché. La porte St Jacques est l'une des 4 entrées de St Bonnet. C'est un endroit où les villageois aimaient bien se rassembler : un lieu de convivialité sur les bancs de pierre. "

ARTISANS, METIERS, CHARIVARI ET SOUPE AUX CHOUX

Rue des artisans Edouard Roux nous parle de sa tante apprentie couturière au début du siècle. " Dans le magasin il y avait 5 ouvrières et 4 apprentis. De nombreux commerces existaient, maintenant disparus : matelassière, culottière, marchande de chapeaux et mercerie, barbier coiffeur,...

En haut de chaque maison on trouve une potence. On y accrochait une poulie qui servait à monter le grain, la paille et le foin dans les greniers.

La veille de la St Jean, il y a avait le charivari. La tradition voulait que l'on empêche les jeunes filles du village de síen aller avec des gars du village d'à côté. On bloquait les rues avec des barricades de plusieurs mètres de hauteur. Une année un homme s'était endormi dans un tombereau. Des enfants l'ont traîné dans tout le village. L'affaire s'est terminée en justice.

On trouve un banc sur une place de St Bonnet où les jeunes gens qui voulaient être embauchés comme commis de ferme, s'asseyaient les jours de marché. Les fermiers qui souhaitaient les embaucher, les invitaient au bar pour discuter des salaires. Puis, pour être sûr quíils seraient de bons employés, ils les invitaient à manger une soupe au choux bouillante et salée. Si le jeune homme engloutissait à toute allure la soupe, cela signifiait qu'il avait faim et qu'il serait un bon ouvrier : sinon c'était mauvais signe !

Les maquignons réalisaient leurs échanges et transactions également dans les bars. Souvent ils avaient deux portefeuilles : l'un pour les petites coupures et l'autre pour les plus grosses. Ils avaient, en comptant les billets des gestes lents et nobles dont je me souviens très bien. Bien évidemment, pendant ces échanges, des personnes gardaient les bêtes. "

Interview réalisée le samedi 8 mars 1997