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M. Royer, apiculteur au Val
Les fleurs et les abeilles : la pollinisation

Mr Jean-Pierre Eyraud, apiculteur habitant dans la Campagne de St Julien en Champsaur nous a donnés des explications sur son métier.

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VIVRE EN COLONIE

Dans les colonies, il existe trois castes : Les ouvrières : ce sont les plus nombreuses. elles sont des milliers. leur rôle est d'aller chercher tout ce qui est nécessaire à la vie de la ruche, pour nourrir, les bébés, construire les rayons de cire etc. Se sont elles qui vont donc aller chercher le nectar, le pollen, l'eau, la propolis,... Une maman : c'est la reine qui vit entre 3 et 4 ans. Pour les reconnaître, on leur place une tache de couleur sur le dos selon un code de 5 couleurs. Des mâles ou faux-bourdons qui ne servent qu'à féconder la reine à une période bien précise. Mais nous en reparlerons plus tard. Ils ne possèdent pas de dard et sont donc sans protection. En hiver, comme il faut restreindre la nourriture jusquíau printemps et que se sont des bouches inutiles, ils sont chassés de la ruche.

LES RUCHES MODERNES

Depuis le début du siècle, on a pris l'habitude de construire des ruches à cadres mobiles. Ces cubes de bois permettent aux abeilles de se protéger de la chaleur, des maladies et de la disette en hiver. Cela permet de maintenir une température de 30°-35° sur le couvain (maternité). L'entrée des ruches se trouve en bas ce qui permet de maintenir la chaleur dans toute la ruche.

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VISITE DE LA COLONIE

Pour visiter une colonie, il faut se protéger car les abeilles, quand elles se sentent agressées piquent et en meurent car, non seulement elles vous laissent leur dard empoisonné dans la peau, mais pour le retirer, elles doivent l'arracher et elles se déchirent à ce moment là. Sur la tête je mets donc une capuche avec un voile transparent, j'enfile des gants et je me munis d'un emfumoir. Lorsque j'envoie de la fumée à l'entrée de la ruche, les ouvrières se mettent en état d'alerte : pour elles c'est comme síil y avait le feu dans la forêt. Elles vont donc avoir automatiquement le réflexe de se gorger de miel (sauver ainsi leurs réserves pour réaliser des provisions) et vouloir partir. Bien évidemment, pendant ce temps là, elles ne pensent pas à piquer.

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CADRES ET CELLULES

Là, sans crainte, je peux donc ouvrir le couvercle, que je secoue pour que les abeilles tombent et peux ainsi retirer, un par un les cadres de leurs glissières. Ces cadres en bois je les fabrique l'hiver. Ils ont une dimension bien précise. Je tends un cadre de fil de fer sur lequel je fixe une feuille de cire, toute prête, avec l'empreinte des futures cellules hexagonales (6 côtés). Ce sont des gâteaux de cires pré-imprimés d'alvéoles. Si l'on observe les cellules, on s'aperçoit qu'il en existe des petites et des grosses. Hors si je n'avais pas placé de feuilles de cire, les ouvrières n'auraient fabriqué que des cellules de mâles qui ne sont pas intéressantes pour moi car elles ne fabriquent pas de miel. Les mâles d'ailleurs "ne servent à rien" en général : c'est à dire qu'ils n'ont qu'un rôle très particulier de féconder la reine lors de l'essaimage en été. Les ouvrières en fabriquent au printemps. Mais, de toute façon, ils meurent en automne.

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LES OUVRIERES A LA RUCHE

Les ouvrières se mettent donc au travail pour agrandir en hauteur les futures cellules de chaque côté. Parfois les cadres ne sont utilisés qu'à moitié. Dans la partie haute, elles déposent les réserves. D'abord le miel, puis le pollen. La reine, elle, dans chaque cellule du bas va pondre un úuf. Pendant la belle saison, elle peut pondre jusqu'à 3000 úufs par jour. Cette quantité varie en fonction des besoins de renouvellement de la colonie. Les petites cellules sont pour les ouvrières, les grandes pour les faux-bourdons (appelés ainsi parce qu'ils ressemblent à des bourdons). Celles bombées et rondes, sont pour les reines.

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LE DEVELOPPEMENT DE L'ABEILLE

Líúuf va éclore au bout de 3 jours. Il va en sortir une larve qu'elles vont gaver d'une bouillie de miel et pollen avec de l'eau pendant 6 jours. La larve va prendre 500 fois son poids de naissance. Elle va grossir jusqu'à remplir sa cellule. Les ouvrières vont l'envelopper à líintérieur en tissant un cocon. Elle va subir ainsi les transformations nymphales. Au bout de 21 jours, c'est une ouvrière qui va sortir. Si c'est un mâle, le stade est prolongé de 3 jours (24 jours de période nymphale).

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LA VIE DE L'OUVRIERE

Elles peuvent vivre entre 40 jours (si elles travaillent jour et nuit) et quelques mois. Pendant les 20 premiers jours, elles accomplissent des tâches dans la ruche. Au fur et à mesure que différentes glandes vont se développer, elles vont changer de métier. Elles sont, tour à tour nettoyeuses, fabricantes de gelée royale, nourricières des jeunes larves et des reines (des glandes sur la tête permettent la fabrication de gelée royale), fabricantes de cire (glandes sous l'abdomen), constructrices et réparatrices de cellules puis gardiennes de la ruche pour éviter le pillage par d'autres abeilles. Elles sont aussi climatiseur : grâce à leurs battements d'ailes (300 par seconde), elles rafraîchissent la ruche en été. Puis, elles partiront à l'extérieur à la recherche de nectar et de pollen. Pour le transporter, elles l'accrochent par pelotes à la patte. Les ouvrières se passent la récolte par régurgitation en se touchant par les antennes. Pour savoir où se trouve l'endroit où il y aura la meilleure récolte, tôt le matin, les éclaireuses sortent et, quand elles líont trouvé, elles viennent expliquer par des danses aux autres ouvrières où se diriger. En fonction de la distance, de la direction par rapport au soleil, elles dansent en décrivant un cercle ou un 8 en ondulant de l'abdomen. Il existe aussi des rappeleuses : celles qui vont chercher les égarées.

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LA NOURRITURE DETERMINE LA FUTURE ABEILLE

Les ouvrières ne peuvent pas reproduire car leur système de reproduction a été atrophié par la nourriture qu'elles ont eue dans les premières semaines. C'est donc la nourriture qui détermine si les ouvrières vont élever des larves d'ouvrières ou de reines. La reine sécrète des phéromones (substances chimiques spéciales qui inhibent la fabrication de cellules royales)., sauf à la fin de sa vie.

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L'ESSAIMAGE

Quand la reine se sent vieille, elle "autorise la fabrication de cellules royales" : l'effet rhomone, déclenche la fabrication d'une bouillie spéciale, la gelée royale, qui permettra la fabrication de reines. Puis elle part avec la moitié de la colonie. Elle va chercher un abri (dans le creux d'un arbre, une vieille ruche, derrière un volet) pour créer une autre colonie. On voit d'ailleurs souvent des grappes d'abeilles. Pendant ce temps quand les nouvelles reines vont devenir adultes elles vont se battre. Celle qui sortira vainqueur restera seule. Les autres seront emballées puis tuées par les ouvrières. A ce moment la reine vainqueur va sortir pour son unique voyage de noce : les mâles ou faux-bourdons vont s'accoupler en plein vol (15 mètres du sol) avec elle et mourir immédiatement après. Elle va ainsi remplir pour la vie une spermathèque (réserve de spermatozoïdes) et retourner dans la ruche pour passer le restant de ses jours à pondre.

LA PRODUCTION

En fonction des années, la production de miel est plus ou moins intensive. Il faut donc rajouter des hausses afin que la colonie ne cherche pas ailleurs un logement plus spacieux. Les fleurs sont présentes dans nos régions d'avril en août. Je déplace donc les ruches en fonction de la qualité de miel que je souhaite obtenir. On appelle ça la transhumance. Pour extraire le miel du cadre, on coupe le bouchon de cire avec un couteau spécial. Puis on dépose les bouchons dans une centrifugeuse puis un maturateur. Les artisans suivent un cahier des charges draconien en ce qui concerne la qualité de leur production. il existe de grandes différences avec les productions industrielles qui níutilisent pas de maturateur. Je fabrique également des objets en cire. Pour finir, Thérèse Eyraud, sa femme nous a fait goûter 5 catégories de miel.

Reportage du lundi 10 mars 1997

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